Lorsque j'écris les articles de ce blog, je suis plutôt comme dans la "vraie" vie, à jouer de l'ironie pour aborder des sujets sérieux, tout en essayant de positiver coûte que coûte.
Pourtant, aujourd'hui j'ai du mal...
Depuis quelques années où j'officie comme "Maîtresse Itinérante en anglais" et où je circule d'écoles en circonscriptions, j'entends la même chose, mais toujours exprimée par des enseignants fatalistes ou définitivement fermés sur le sujet.
Or, aujourd'hui je suis interpellée par une collègue qui n'est ni fataliste, ni fermée, mais qui réclame d'être entendue par son équipe, reconnue pour son travail spécifique, le tout saupoudré d'un peu d'équité dans le partage des tâches.
Alors je ne peux pas juste lui dire que je la comprends et la renvoyer vers son directeur ou son IEN.
Vous l'aurez compris, et pour certains sans doute déjà ressenti, être habilité en LVE au primaire est un état de fait complexe.
Cette enseignante, comme bien d'autres, est sortie, avec plaisir, habilitée de l'IUFM.
A l'heure actuelle, le plaisir ne semble plus là :
- trop de place accordée à l'écrit et plus assez à l'oral et au ludique dans les BO,
- trop difficile de se détacher des progressions et de la pression mise par le collège qui attend des élèves "d'un certain niveau",
- trop l'impression d'un enseignement "qui pourrait être mieux" et donc presque d'un temps de perdu pour d'autres disciplines,
- trop peu d'implication des collègues chez qui elle intervient quand ils ne se sentent pas complètement "libérés"(peu d'entrain à la co-formation par imprégnation lorsqu'ils restent en classe avec elle et peu de réinvestissement de ce qu'elle a fait lorsqu'ils sont seuls avec leurs élèves)
- trop peu de reconnaissance du système pour ces "services spécifiques" rendus
TROP !..
Nous pouvons tous la comprendre et être ou avoir été confronté à ces "trop".
L'écrire, le lire ou simplement le dire et être entendu et compris, c'est déjà ça.
Et ça fait avancer vers le changement.
Alors bien sûr, il y a aussi l'autre revers de situation.
Certains amoureux de la langue ou simplement se pliant à une logique de mutualisation des compétences enseignantes vous diront que justement, dans leur école, ils sont au cœur d'échanges de services qui se font, bon an, mal an ! Mais qui se font quand même et qui les valorisent, qui créent du lien entre collègues, qui permettent "d'économiser" des préparations de classe, ou plus tristement de répondre aux "besoins du service" pour une bonne couverture en ELVE dans leur école (ce qui peut permettre d'éprouver un sentiment de satisfaction suffisant), etc...
Dans l'ensemble, lors d'animations pédagogiques LVE que j'ai animée pour une quinzaine d'enseignants habilités, voici ce qu'évoque pour eux le fait d' "Etre enseignant de langue vivante au primaire." (plus le mot est en gros et gras, plus souvent il a été formulé)
Pas une once de négativisme ou de mal être n'est ressorti ! Et je vous assure ne pas avoir chercher à orienter leurs retours...
Et l'année précédente, avec d'autres collègues, dans l'ensemble, c'est pareil (si vous oubliez le mot "contrainte" qui n'apparaît qu'une fois...) !
Bref, c'est parce que les mots de ces stagiaires ont bien plus de poids que mes énumérations précédentes que je vous les présente.
Pour ranimer un peu le plaisir, pour redonner un peu espoir à tous ceux qui voudraient se "dés-habiliter"...
Pour vous rappeler peut-être ce qui est oublié avec le temps.
Mais surtout pour vous rappeler ce qui, à mon sens, ne devrait jamais être oublié :
Plus que des enseignants de l'Education Nationale, nous sommes avant tout au service des enfants et de leur épanouissement. Et il me semble que ce doit être l'axe essentiel de nos pratiques professionnelles, quitte à ce qu'elles divergent un peu des attentes institutionnelles.
C'est aussi ça, refonder l'école de demain.
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